Depuis sa naissance, Ezriel n’avait connu qu’un seul monde : les murs gris et étouffants de la secte. Un lieu où le temps semblait figé, où chaque journée se répétait dans une routine de prières, d’interdits, et de craintes constantes du dehors, un dehors qu’on lui avait toujours interdit.Il ne savait rien du soleil brûlant, des rues bondées, des passants pressés, des voitures qui hurlaient. Tout ce qu’il avait appris, c’était que le monde extérieur était un piège, impur et dangereux, et que la secte était sa seule famille, sa seule vérité.Mais un soir, alors que la vigilance faiblissait, Ezriel a saisi une porte mal verrouillée et s’est faufilé dans la nuit, le cœur battant comme un tambour dans sa poitrine. La peur le tenaillait, mais une force inconnue le poussait en avant : il voulait goûter à cette liberté dont on l’avait toujours privé.Le monde était plus vaste qu’il ne l’avait imaginé, les lumières des réverbères le brûlaient presque, les bruits étaient un tumulte qu’il peinait à comprendre. Il marchait, les pieds nus sur l’asphalte froid, les yeux écarquillés par l’émerveillement et la peur. Des regards curieux, méfiants, parfois compatissants se posaient sur lui. Il ne comprenait pas leurs langues, leurs gestes.Il avait faim, il avait froid, mais plus encore, il avait ce poids dans la poitrine, les ombres de la secte, les menaces voilées, les visages durs qui hantaient ses nuits. Il se demandait s’il n’avait pas commis une folie en fuyant.Pourtant, au milieu de ce chaos, une étincelle brûlait en lui : l’espoir. L’espoir d’un ciel sans barreaux, d’un choix libre, d’une vie où il serait enfin maître de ses pas, de ses mots, de ses rêves. L’espoir que ce monde, avec tous ses défauts, puisse lui offrir ce qu’on lui avait toujours refusé : la liberté.